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Histoire, période gallo-romaine

Petite chronique historique du village, la période gallo-romaine.

Si des temps préhistoriques tout reste à découvrir, il en est de même hélas pour l’époque gauloise proprement dite, pas de traces décelées de peuplement Ségusiave, Eduens, Ambarre, Aulerque Branovice ou Insubre, dans notre village qui se situait pourtant aux confins de plusieurs nations.

Mais il est vrai que les huttes construites en bois et torchis n’étaient pas faites pour pérenniser une trace de présence ou résister au temps.

Nous pouvons citer, sur une des routes présumées du bronze, venant d’Armorique (1), un étrange amoncellement de pierres, nommé Cromlech (2) à Ronno, mais tout reste à découvrir sur sa signification.

Les Ségusiaves, dont la capitale jouxtait nos contrées, implantée à Feurs (Forum Segusiavorum), a une estimation de plusieurs milliers d’habitants.

Il est concevable que notre secteur vit le passage fréquent de marchands et voyageurs. Certains noms celtiques sont cependant restés en mémoire puis ont été déformés, mais contrairement à d’autres langues pas de traces écrites, seule une tradition orale a perduré, elle devait être l’apanage des druides. Le mot Tarare est un exemple d’un mot d’un dialecte gaulois, pouvant signifier « ruisseau bruyant », au même titre que Ternant ou le ruisseau du Taret. Taranis n’était-il pas un dieu gaulois redouté ?.

Un bref rappel historique est nécessaire pour justifier la rapide colonisation nationale. La source principale est le remarquable ouvrage, « La guerre des Gaules » de Jules César. L’Empire Romain, grisé de conquêtes, cherchait un prétexte pour envahir les riches terres gauloises et celtes.

Les Eduens, avec leur capitale à Autun, occupaient une partie des plaines de l’Ain, jusqu’aux contreforts du Jura C’ était un peuple de commerçants, marchands, plutôt pacifiques, se démarquant des autres tribus, aux mœurs plus rudes et à l’esprit plus combatif.

La relative richesse engendrée par le commerce en tout genre, et les échanges avec Rome, firent des envieux. Aussi les Eduens se plaignirent-ils, auprès des consuls romains, de razzias incessantes, perpétrées par les autres peuplades gauloises, plus désireuses de pillages que de changer leur mode de vie. Ce fut le fallacieux prétexte pris par Jules César pour envahir notre beau pays, facilement colonisable et au riche potentiel, avec sa frontière proche de la Rome antique, en 52 avant J.C.

Devant ce déferlement de troupes romaines, bien rodées elles aussi, dans l’art du pillage, les Eduens, reconnaissant leur erreur, se joignirent, mais trop tard, à la coalition gauloise fédérée sous le commandement de Vercingétorix.
Tout le monde sait ce qu’il advint de notre pays, lequel entra de plain pied dans la « pax romana », avec sa langue et sa culture.

Des colonisateurs gallo-romains commencèrent à construire des domaines agricoles et à laisser leurs noms pour la postérité. Un proche exemple est Baldomérius, gouverneur de St-Galmier, dont la habitants se nomment toujours les baldomériens.
De nombreux lieux-dits découlèrent de cette langue latine, ainsi les Collonges et tous leurs dérivés, du verbe « colere », travailler la terre.

Les lieux d’implantation des habitations, on le suppose, devaient certainement répondre à certains critères : ils devaient être centraux, défendables, mais aussi accessibles, près d’un point d’eau ou faciles d’approvisionnement….etc.

Ainsi, sur notre commune, seul un lieu a été à ce jour exploré avec bonheur, à partir de 1969, par le Club Archéologique de Tarare, sous la houlette de Mr Jean Antoine Chaverot. Malheureusement, à notre connaissance, aucune planche photographique n’a été réalisée pour immortaliser ces recherches, qui demeurent exceptionnelles pour notre village.

Les principales découvertes concernent des morceaux de poteries, fragments de vases, assiettes et autres ustensiles de cuisine, dont certains qualifiés de sigillées (3).
Une canalisation en terre cuite a été coupée au cours des fouilles, il s’est avéré qu’il s’agissait d’une conduite forcée, provenant de la colline, captant une source d’eau nécessaire à la vie des colons. Des fragments de verre de l’époque du IIè siècle, ont également été mis à jour, ainsi que de la céramique dite « métallescente » (4).
Une vue générale des lieux suit notre propos, sorte de promontoire dominant la vallée du Torrenchin, avec une vue particulière sur les plaines lointaines de l’Ain ; on retrouve une situation similaire à Rochefort ?. Des découvertes nombreuses lors des fouilles illustrent cet article. Ces objets sont actuellement visibles à Tarare, au local de la Société d’Histoire et d’Archéologie.

Ces vestiges hautement historiques pour Affoux, tendent à situer l’ancien Alta Fagus, littéralement « les hauts hêtres », dont les bois du Mont Crépier sont toujours parsemés, sur le site du Mandeyron (ancienne orthographe). Est-ce donc l’origine du peuplement local, le premier « vicus » (5) d’Affoux ?

Si vous vous promenez sur ce plateau, imaginez le site gallo romain, avec ses activités champêtres, mais aussi ses artisans, dont les potiers avec leurs fours, les habitats sommaires avec la fumée sortant du toit, et toute cette activité gravitant autour.

(1) Armorique : Le mot Armorique est le nom donné dans l’Antiquité à une large région côtière s’étendant de Pornic près de Nantes à Dieppe au nord du pays de Caux. Elle recouvre donc l’actuelle région Bretagne, le nord-ouest de la région Pays de la Loire et la totalité du littoral normand. Elle était peuplée de tribus celtes regroupées au sein d’une Confédération armoricaine.

(2) Cromlech : Un cromlech est un monument mégalithique préhistorique constitué par un alignement de monolithes verticaux (menhirs), formant une enceinte de pierres levées, généralement circulaire. Parfois un menhir est placé au centre.

(3) La céramique sigillée est une céramique fine destinée au service de table caractéristique de l’Antiquité romaine. Elle se caractérise par un vernis rouge grésé cuit en atmosphère oxydante, plus ou moins clair et par des décors en relief, moulés, imprimés ou rapportés. Certaines pièces portent des estampilles d’où elle tire son nom, sigillée venant de sigillum, le sceau.

(4) Métallescent : Les céramiques à couverte métallescente (imitant le bronze) donnent lieu à la fabrication d’une grande quantité de,gobelets à paroi fine ornés de guillochis, d’excisions ou d’applications de barbotine et de vases à déversoir en forme de tête de lion. Cette même époque vit la fabrication de nombreuses statuettes en argile blanche (Vénus, déesse-mère, animaux, etc.).

(5) Vicus : bourg, village, propriété à la campagne.

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Situation de la villa gallo-romaine sur le plateau herbeux au-dessus du hameau du Mandéron.
Une conduite forcée amenait l’eau d’une source de la colline à gauche, coupée pendant les fouilles en 1969, elle était toujours active selon l’agriculteur de l’époque.

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Fragments de vases et plats en terre cuite finement décorés.

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Belle représentation d’animal sur ce petit fragment.

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Pots en terre cuite avec des marques de décor très sommaires réalisées au peigne.

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Fragments de pots en terre tri-pattes.

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Canalisation en terre cuite qui amenait l’eau courante sur le site, venant de la colline proche.

Histoire, les origines

Les origines

Vers 1090, Gauceran de Lavieu est « viguier » du comte de Forez, Guillaume le jeune. Il appartient à la puissante famille de Lavieu, vicomte du Forez qui semble posséder un vaste domaine dont fait partie le hameau du “Mandeyron”. De cette époque date une charte de l”abbaye de Savigny” d’où il ressort, d’après le drame sanglant qui opposa Gauceran de Lavieu au comte Guillaume le Jeune, que les biens de la famille de Lavieu furent confisqués et la vicomte supprimé. Guillaume de Lavieu, afin sans doute de rentrer en grâce auprès de l’abbaye, fait don de la moitié de la paroisse d’Affoux, et en plus d’un domaine pour la construction d’un logement pour un moine qui se livrerait au travail du bois et l’élevage des porcs. La tradition fait des maisons du Mandeyron l’emplacement de cette ferme de l’abbaye, il existe en ce lieu la terre du Viguier. De ce fait, une partie de la paroisse est rattachée au prieuré de Montrottier.
A la même époque l’importante famille Salemard possède des terres et l’on retrouve en 1533 un Jean Salemard, seigneur d’Affoux. Mais auparavant, en 1100, un premier fief appartient à Hugues Brouilly (Savigny-charte 846).
En 1117, on trouve un Durand de Rochefort seigneur d’Affoux. Au 13ème siècle, lors de la séparation du Forez et du Beaujolais, Affoux fera partie du Beaujolais.
A la mort de Guichard V, dit le grand, connétable de France, la seigneurie de Beaujeu fut divisée pour fournir des apanages à ses enfants ; à Robert, frère de Guillaume revient la seigneurie de Joux (Jos) sus Tarare et donc Affoux.
Dans l’histoire du Beaujolais, mémoires de Louvet, manuscrits inédits des 17ème et 18ème siècles, publiés par Léon Galle et Georges Guigues, nous trouvons différents dénombrements :

 du 9 mars 1539 par Antoine Cléard, pour cens et servis en la paroisse d’Affoux qui avait acquis par les ancêtres de feu noble Jean de Chamzeu.

 du 10 mars 1539 par Claude Verpille, paroissien d’Affoux de quelques cens et servis sur les biens et possessions qu’il avait de feu noble Louis de Salmat et qu’il avait acquis de Melle Catherine de Champrenard, veuve dudit feu de Salmat à faculté de rachat perpétuel.

 Du 14 mars 1539 par Jean et François Mathieu alias du Fournel, pour quelques cens et servis par eux acquis de noble André Ripault pour un tiers et de noble Jean de Salmat pour l’autre tiers, coseigneurs d’Affoux, et pour d’autres qu’il avait acquis de damoiselle Louise de Tarare, dame de Treschin.

 Du 14 mars 1539 par Louis Aro, écuyer et damoiselle Isabeau Gaste sa femme, pour la maison forte et le domaine de Ronzière qui s’étend aux paroisses d’Affoux, Saint Forgeux et Saint Marcel.

 Du 13 mars 1539 par Audibert de la Rivière coseigneur de la Colonge, saisine en la paroisse d’Affoux, autre du 14 même mois et an, par Antoine de la Colonge, coseigneur dudit lieu, pour ses maisons de La Colonge avec ses jardins, prés, terres, et bois, autre du 19 avril 1552 par noble Hector de la Rivière.

 Par noble Georges d’Affoux, seigneur de Tourville et par Catherine de Champrenard sa femme pour les deux tierces parties, avec mr Jean d’Auxerre pour l’autre tierce, pour la maison forte d’Affoux et autres biens assis en la paroisse d’Affoux et de Villeneuve.

 Procuration du 8 avril 1601 par damoiselle Jeanne de Fosset, dame de Tourville, veuve de feu Claude de Cousant, écuyer, pour prêter foi et hommage de son fief et maison forte d’Affoux.

 Ajoutons le nom de quelques baillis : en 1601 : Georges de Villeneuve, chevalier de l’ordre du Roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, baron de Joux, seigneur de la Noirie. Benoît Jacquet de la Colonge en 1748. François Blaise Guérin de la Colonge, écuyer, lieutenant général, nommé en 1770.

 Riverie, seigneur de la Colonge, en 1719 : la Rivière, les Olmes, la Forêt, Veilette, Trezette sont érigés en marquisat (en juin 1719), en faveur de Camille de Riverie, sous le nom de Marquisat de Rivière.

Au 16ème siècle Affoux dépend de la baronnie de Joux, sur les limites du Beaujolais, annexe de la paroisse de Violay, archiprêtre de Néronde, élection de Villefranche, justice de la baronnie de Joux, et du ressort de la sénéchaussée de Lyon. En 1704, M. de Villeneuve, baron de Joux est le seigneur, puis en 1720 Alexandre de Villeneuve, époux de Marie Nicole Bouchez de Beauregard. En 1764 c’est Jean Joseph de Villeneuve, allié à la famille de Pomey.
La dame était Mme la comtesse de Villeneuve de Joux, qui a été la fondatrice du Bureau de bienfaisance de la commune.
Il existe des «châteaux» ou fiefs à Rochefort, La Collonge et Brouilly. Antoine de Salimard et Audibert de la Rivière sont co-seigneurs de la Collonge.

Une famille Brouilly prend le nom d’un lieu-dit en 1705, il s’agissait d’un château transformé en ferme par la suite. Il possédait une tour octogonale de plus de 10 ou 14 mètres, rien n’a encore été découvert sur ce château. Rien n’est indiqué sur le château de Rochefort, il pourrait s’agir d’une dépendance de celui d’Amplepuis. En 1769, Roland de la Platière, paraphe le registre municipal (époux de Mme Roland, originaire de Thizy, ils seront tous les deux guillotinés à la Révolution). Au 15ème siècle, Barthélemy Cluysel est seigneur de La Collonge, puis sieur de l’Espinglier à Saint Forgeux. La famille Cluysel ou Clusel était originaire de Chastellus en Forez au 14ème siècle.
Antoine Cluysel, devient notaire royal à Saint Forgeux, il épouse Anne d’Albon, fille de Bertrand, seigneur de Saint Forgeux, et d’Antoinette de Galles. De cette alliance qui remonte à 1600, descendent entre autres les Dubessy, dont Antoine épouse en 1673 Louise Cluysel. Elle est la fille de Messire Germain Cluysel, marchand de Saint Forgeux, et de Ancely Guerpillon, petite fille de Maître Guillaume Cluysel, notaire royal et procureur d’office à Saint Forgeux, et de Benoîte Bourdillon et arrière-petite-fille d’Anne d’Albon.

Au 16ème siècle, la famille de Ferrières qui s’installe au Goutail, est originaire du domaine gallo-romain du Mandayron.

En 1662, le 17 octobre, Charlotte de Champier, veuve de Georges de Villeneuve, vend, au nom de son fils Jean, à Pierre Charmette, les 2/3 de la rente noble d’Affoux, sous faculté de rachat. Son époux était baron de Joux, capitaine et gentilhomme de la cour du roi, bailli de Beaujolais, fils de Rolin de Villeneuve et de Philiberte de la Forêt. Il décède, âgé d’environ 80 ans, le 11 septembre 1638 et est enterré le 15 avec grande cérémonie à Joux, où il était très aimé.

Maurice Dufournel, seigneur de Bayères et d’Affoux, fut avocat en parlement de Dombes en 1654, il fut nommé maïtre des requêtes le 31 octobre 1670. Il est fils de Michel et épouse Marie Bererd, dont il eut une fille Pierrette, qui épousa, le 10 décembre 1682, Jean-Baptiste d’Inguimbert, seigneur de Pramiral, major de la ville de Lyon. Les armes de ce Maurice Dufournel sont : de gueules (rouge) au chef d’argent, chargé de trois bandes de sable (noir).

La famille De Montbeterne, apparaît vers 1700 à Saint Forgeux, avec Claude de Montbeterne, maître peigneur de chanvre, et Léonarde Chatel, venant du Montbeterme à Affoux, déformé en Montmeterme
Guillaume de Tarare (l’origine de la famille est Affoux ou Saint Marcel ?), est le plus ancien membre connu de cette famille chevaleresque qui possédait la maison forte de la Ronzières. Il engage en 1237 à Humbert de Beaujeu ses possessions, à Affo, Veyllacheneva, Montroter, Senfurjuel ( ?) et Vyoleys.
Un Guillaume (Peut-être de Beaujeu ?), donna à l’Abbaye de Savigny, vers 1100, le quart de l’église (ou paroisse) de Longesagne (Longessaigne), excepté la maison du vicaire ; il donna encore la moitié de l’église d’«Affons», avec ses dépendances et la maison du vicaire de cette paroisse. Il permit aux religieux d’acquérir tout ce qui était de son fief dans ces paroisses et non de son propre bien, et il leur accorda l’usage de ses forêts.

Une famille Magdinier d’Affoux, a un enfant Philibert, lequel se marie le 23 octobre 1728 avec Claudine Verrières de Ste Agathe en Donzy (Loire), ils sont laboureurs au lieu-dit La Conche et ont eu 13 enfants, 20 d’après les registres de Ste Agathe. Un fils Claude, né en 1740 devient maître de la Poste, fermier des rentes et d’armes du prieuré St Albin à Bussières (42). Il est le représentant de sa commune pour désigner les membres départementaux du Parlement en 1789. Un fils Magdinier, Jean, 19 ans, le 18 décembre 1793, ancien combattant muscadin de Lyon (royaliste), est arrété, jugé à Feurs, fusillé le 29 décembre. Un autre fils, Jean Marie, également soldat muscadin, arrété, jugé à Lyon, revient acquitté, accompagné de son oncle Jean François (religieux àla chartreuse de Lyon, Croix Rousse).

Au 17ème le laboureur était propriétaire de ses terres, il pouvait avoir un valet suivant la grandeur de son domaine, et payait des impôts au seigneur. Le granger faisait valoir des terres, c’est le fermier actuel.

Les registres paroissiaux, créés par François Ier le 10 aout 1539 par le fameux édit de Villers-Cotterêts, sont tenus par les prêtres. Ils sont plus ou moins bien conservés, et ont débuté souvent à des dates postérieures ou ont été détruits. Les noms de famille se rattachent en grande majorité à un ancêtre mâle, ce sont les patronymes. L’étymologie d’un nom est tributaire de la région d’origine. A Affoux, quelques noms ont traversé les siècles, leur signification la plus vraisemblable est :

 Duperray, surnom du possesseur d’un domaine de ce nom ou d’un endroit pierreux.

 Chavand : chavan ou chat-huant, doit s’interpréter comme sobriquet d’après le nom d’oiseau (Poitou, Berry).

 Giraud, variante de l’ancien nom de baptême Géraud, germanique : Gerwald. Ger = lance, Waldan = gouverner.

 Ducreux, maison du creux ou située dans un creux.

 Coquard ou méchant coq, surnom au 12ème siècle.

 Ferrière, surnom de forgeron et nom de lieu où l’on forgeait le fer.

 Faury, forme latinisée à la Renaissance d’un ancien Haur ou Faur qui signifiait «forge» (Massif Central, Gascogne).

 Chirat, amas de grosses pierres (origine Forez), et nom de lieu-dit dans la Loire et le Rhône.

 Comby, forme latinisée du nom combe, «vallée sêche», mot gaulois.

 Sagne, ou Seigne, lieu marécageux avec de nombreuses «botasses» (serves ou mares).

 Mollière, nom d’une famille ?

 Pilon, peut se rapprocher de l’auge à mortier ou évoquer un pilier de maison.

Origine du nom du lieu-dit La Collonge.

C’est le lieu où les colons ou gens de la terre au service du seigneur, se retiraient après leur travail. Vient certainement du bas-latin colonica, vaste étendue de terrain que des colons mettaient en valeur et pour lesquels ils payaient une redevance au propriétaire. (Cartulaire lyonnais de Guigue). Ce nom commun désignait à l’origine un simple domaine, cultivé par des paysans, locataires, fermiers, censitaires (payant une redevance annuelle), emphytéotes (contrat de location de 18 à 99 ans donnant droit à hypothêque et à charge d’améliorer le fonds), abergataires (à charge de construire leur demeure, ce qui explique le nom des lieux L’Abergement de..), esclaves, serfs avant de devenir des colons.
Certains pensent que le mot collonge (Colonge, colongette) vient de coloniae ou colonica, soit une colonie romaine fondée par un légionnaire payé de ses sept années de service militaire. Mais il est peu concevable que ce soit le cas pour tous les lieux-dits de France, vu leur nombre, donc c’est peut-être tout simplement un centre de culture, du verbe latin colere, travailler le sol, d’où sont nés colon et colonie.

Dans le haut Moyen Age, une colonica est une partie du domaine que le seigneur remet aux fins de défrichement et de culture, non pas à un individu, mais à un groupement de paysans vivant ensemble. C’est un hameau tout entier, établi d’un seul coup, formant une collectivité chargée de cens (impôts) ou de redevances vis-à-vis du seigneur concédant.
Ce groupement colonique de paysans avait, jusqu’à un certain point, la liberté de se gouverner et d’avoir des plaids, des maires, des gardes champêtres. Quelquefois le seigneur lui-même présidait l’assemblée de ses dirigeants. Mais le fait spécial et caractéristique de la Colonge, était la responsabilité solidaire de ses membres vis-à-vis du seigneur ou des tiers.
Les colonges se trouvaient presque toujours à l’écart des voies romaines. Comme les abergements, elles étaient situées à l’intérieur des domaines seigneuriaux dont elles cultivaient une partie.

Un lieu-dit La Collonge à Affoux existe encore, est-ce l’ancien fief du seigneur de Riverie ??? Oui, après de sérieuses et longues recherches, ce lieu-dit était la propriété du Marquis de la Rivière de Villechenève. N’ayant pas de descendance, il lègue à son neveu, de Cherpin de Feugerolles de nombreux biens, dont ce domaine. Recherché par les révolutionnaires, il devient le citoyen Cherpin et échappe de peu au couperet de Javogues dans les geôles de Feurs, profitant de son absence, pour certainement soudoyer les gardiens et s’enfuir. A partir de ce moment-là, les ventes successives ne laissent planer aucun doute sur l’origine de cette propriété, certainement maison forte vers 1720, avec au moins deux tours.
Il demeure une ancienne ferme laquelle comporte encore à l’extérieur les trois points d’eau traditionnels, le puits avec l’eau potable, la fond de lait, ici à l’extérieur dans un petit abri restauré, et enfin l’abreuvoir des bêtes. La fond de lait comporte un systême d’eau courante entre des pierres, c’était l’ancêtre du frigo pour la conservation des aliments et bien sûr des bidons de lait, d’où son nom. Un bénitier de pierre orne une pièce intérieure, certainement la pièce dite de l’enfeu, où les personnes décédées recevaient les visites mortuaires avant les obsèques.

Bibliographie :

La révolution à Néronde et dans les monts du matin, René Berchoud, 1988.
Histoire locale de la principauté et souveraineté de Dombes, Humbert de Varax.
St Forgeux et ses énigmes historiques, Jean Mirio, 1974.
Bully et sa région du même auteur, 1958.
Tarabesques ou voyages autour d’un mot, Aimé Reynard, 1979.
Nouvelle histoire de Lyon, Andréé d’histoire et d’archéologie des monts de Tarare et à M. Jean Mirio de Bully.

Un peu d’histoire.

Des temps préhistoriques l’on ne sait rien. On peut penser toutefois que ce territoire fut un lieu de passage important. L’origine du nom est probablement le mot affouage, droit de coupe de bois. Trois autres théories sont proposées, du latin ad fagos, d’alta fagus ou ad fagus (vers ou prés des hêtres) et enfin, afféager, donner en fief.
La configuration du sol et la quantité de bois qui couvrait ce lieu, feraient pencher en faveur du droit de coupe accordé par un seigneur à ses vassaux, les maisons provisoires constituées pour cette besogne auraient formé, petit à petit, la commune d’Affoux. Pour les scribes du Moyen âge, APHO ou AFOU sont des orthographes fréquentes.
En 1969 un site archéologique gallo-romain a été découvert sur le crêt du Mandéron ou Mandeyron, c’est là que l’on situe l’antique Alta Fagus avec une quasi-certitude au premier siècle, sur une surface estimée à 5 ha. Des bases de murs, des canalisations en terre cuite, sigillées (marquées d’un sceau, décorées de marques et de poinçons), poteries, de la fin de la période gauloise, époque de Taîne III, vers 1er et 2ème siècle, époque gallo-romaine, sont mises à jour.
C’est monsieur Jean Antoine Chaverot qui fut le véritable inventeur de cet habitat. Il a permis aux chercheurs du groupe archéologique de Tarare de découvrir également des céramiques, hélas bien fragmentées, et les restes d’une activité basée sur la conversion du minerai de fer par un systême de bas-fourneaux. Ce lieu se trouvait en limite des territoires de tribus gauloises : Ségusiaves, Eduens, et Insubres, sur la route de Miolan (Pontcharra) à Feurs (Forum ségusiavorum).

A l’époque romaine, Germain (histoire des routes du Rhône), situe un hôpital militaire à la hauteur du relais du Grand St-Pierre, mais rien n’a été découvert en ce lieu. Mais cette idée, rapprochée de la découverte d’un fragment de tégule (tuile) portant un chiffre romain évoque le passage d’une légion.
En 257, il est à signaler, lors de la première incursion des Alamans en Forez, une tradition locale qui garde le souvenir d’un gigantesque incendie allant d’Affoux à Feurs et dans l’histoire du Forez nous retrouvons les pillages et les méfaits de ces premiers envahisseurs.
Vient la chute de l’empire romain et toute une période dont nous ne savons presque rien. Nous arrivons vers 832 où Alta Fagus fait partie du pagus forensis (pays forézien) et se trouve dans l’ager (territoire, contrée, pays) Exartipetracensis.

«Afou ou Afo» est cité dans le cartulaire de Savigny de l’an 1000, cartulaire original détruit par le passage des hongrois mais dont toutes les références sont tirées d’une copie sujette à caution du 14ème ou 15ème. La paroisse est placée à la garde du château fort de Montrottier (ou Montroter) élevé par les abbés de cette abbaye sous le vocable de St Martin de Périculis (St Martin des Périls). La cure est une annexe de la paroisse de Violay, archiprêtré de Néronde, de l’élection de Villefranche, mais à la collation du prieur de Montrottier (qui touche les revenus de l’église).

La commune est sous la juridiction de Joux et du ressort de la sénéchaussée de Lyon. La position aux confins du Forez et du Beaujolais, a pu lui valoir beaucoup de vicissitudes, les deux seigneurs étant souvent en guerre, par l’intermédiaire de leurs vassaux, dont le seigneur de Lay cruel et de sinistre mémoire.

Une pierre sculptée encastrée dans le mur d’une ferme au village est le seul vestige d’un ancien édifice religieux. Il est dit qu’au moyen âge les gens se réfugiaient dans cette chapelle pour se guérir de la peur. Il pourrait s’agir de la pierre soutenant la poutre de la galerie de la ferme Fouillat aux belles colonnes en pierres, au centre du village ? Cette galerie possède également un bandeau peint en noir qui serait l’indication du lieu d’un crime de sang ? La tour au fond de la galerie atteste qu’il s’agit d’une ancienne maison forte. Au moins quatre fermes semblent dépendre de l’abbaye, au Guillin (anciennement Duperray), au Mandéron (Perroton) et les deux du village (Fouillat et Croizat). Cette dernière possède une croix en quartz incrustée côté route, maison de style renaissance, domaine des Villeneuve, puis de Cotton. Au Guillin un cadran solaire est sculpté dans le mur parapet de la balustrade, ce château possède également de beaux restes du 12ème siècle. Ce devait être un domaine de la famille de Lavieu.
Une colonne centrale avec bassin sculpté (un étrange lavabo) existe dans la pièce principale du Mandéron ainsi qu’une grande cheminée, des fresques remarquables mais très abîmées y étaient marquées, c’était la ferme Verrière (Perroton).
L’auvent ou sarrasine qui protège de la pluie ou du soleil, la galerie posée en galonnière sur la façade, l’ensemble soutenu par des colonnes ou êtres ( ?) de pierre, mais le plus souvent en chêne noueux, sont une des caractéristiques des fermes environnantes.
Une visite épiscopale en 1660 mentionne que la paroisse est bien tenue, mais qu’il serait nécessaire de faire clore le cimetière (Se trouvait derrière l’hôtel Beaux). Il est porté que 200 habitants sont recensés. Ce chiffre est très inférieur à la réalité, en effet, en 1700 il existe 141 feux (familles ou ménage), ce qui correspond à une population bien supérieure.
A la révolution le prêtre est un réfractaire. En 1790 la commune prend brièvement le nom révolutionnaire d’ «Affoux et Rozerette». Il s’agit du hameau de Ronzières qui est maintenant sur Saint Forgeux dont le capitaine châtelain, Jean Marie Philibert Simonet périt victime de la révolution en 1794.

Il est intéressant de noter que la région aux alentours d’Affoux a été le théâtre de la fin de la révolte blanche (troupes royalistes) de Lyon, lors de la retraite dramatique des troupes (2000 hommes environ) du général Perrin de Percy, en octobre 1793. Ce dernier est harcelé depuis Lyon et le tocsin qui sonne dans tous les villages précipite une fuite sanglante dans les monts du lyonnais. Ne pouvant gagner la Suisse, la direction des monts du Forez est prise à travers la campagne, Vaise, Neuville, Poleymieux, Chasselay, Morancé, les bois d’Alix (théâtre de massacres sanglants), Le Bois d’Oingt, Bagnols, Saint Vérand, puis les bois de St Romain de Popey en évitant La Croisette où se tiennent des troupes républicaines. La troupe qui s’arrête près d’Ancy, à la Croix de Marcillon est réduite à quelques hommes dont Percy. Ce dernier, avec les soldats Gorgeret de Saint Symphorien et Giraud de Violay, s’enfuit par Pontcharra et Affoux, rejoint la ferme de Catherine Gourdiat à Violay, qui les mène chez Jarrier. Le lendemain, ils arrivent à Ste Agathe en Donzy, où Percy trouve refuge chez Magdinier (famille originaire d’Affoux), d’où il partira en janvier 1795 pour la Suisse. En 1794, il a essayé sans succès après avoir été bloqué 6 jours à St Forgeux.